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Yzabel-Desage-critiques-et-points-de-vue-de-lectures.over-blog.com

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Ce blog a pour but de partager mes critiques, avis et points de vue de lectures : romans contemporains et classiques, autobiographies et faits divers, théâtre, poésie, essais psychanalytiques, sociologiques, éducatifs, romans graphiques et BD, littérature jeunesse.


La Disparition de Josef Mengele, Olivier Guez, 2017

Publié par Isabelle Desage sur 2 Août 2019, 18:08pm

Catégories : #Littérature, #Roman contemporain, #roman historique

La Disparition de Josef Mengele, Olivier Guez, 2017
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La Disparition de Josef Mengele, Olivier Guez, 2017

          Ce roman historique, entre la chronique historico-politique et le roman d’aventures, dépeint le portrait d’un ancien médecin tortionnaire nazi à Auschwitz qui s’enfuit en Amérique du Sud en 1949 sous différents pseudonymes, croyant pouvoir s’inventer une nouvelle vie à Buenos Aires. L’Argentine de Peron (couple de pantins pathétiques) est bienveillante avec les anciens du Reich puisqu’elle attend la troisième guerre mondiale qui permettrait à l’Argentine de devenir une grande puissance, forte du savoir-faire et de l’argent des anciens nazis. La RFA cherche à oublier les crimes nazis pour se reconstruire, les postes de l’administration, des affaires, de la politique sont occupés par d’anciens criminels de guerre.

          Recherchés par les agents du Mossad, puis par les Etats-Unis et certains pays d’Europe dans les années 60, Josef Mengele est traqué et doit s’enfuir au Paraguay puis au Brésil. Errant de planque en planque, aidé par sa famille et d’anciens nazis qui ont fait fortune en Amérique latine, le médecin vit déguisé et rongé par une angoisse qui ne connaîtra plus de répit, jusqu’à sa mort mystérieuse sur une plage en 1979. L’auteur nous donne à découvrir un monde corrompu par le fanatisme, les stratégies politiques, l’argent et les ambitions démesurées. Ecrit sur un ton très cynique qui épouse les propos des nazis quand ils évoquent leur passé et leurs actes, ce récit montre les tortionnaires comme des humains et non pas comme des monstres et c’est aussi ce qui fait tout l’intérêt de ce livre. Ces personnes sont souvent cultivées, passionnées d’art, de musique classique, aimant la mode, l’esthétisme et parlant souvent grec et latin. Joseph Mengel fait partie de ces hommes, très raffiné, élégant, possédant deux doctorats, un de médecine et un autre d’anthropologie. La première partie du livre offre une espère de récit d’aventures au rythme haletant où le lecteur oublie presque les méfaits du personnage qui devient une sorte d’anti-héros fictif. La seconde partie nous replonge violemment dans la réalité historique avec en toile de fond, le camp d’Auschwitz et la passion du docteur pour les yeux humains, ses expériences in vivo sur les êtres vivants, la cuisson d’hommes dans des grandes bassines pour pouvoir retirer la chair des os, la sélection humaine en sifflotant un air d’opéra. Joseph Mengele n’a jamais éprouvé d’empathie ou de regrets car il dit qu’il a toujours agi pour l’Allemagne, qu’il a obéi aux ordres, que les Juifs n’appartenaient pas à l’espèce humaine, etc. D’autres livres tels que Le Problème Spinoza d’Irvin Yalom traite du même sujet avec Alfred Rosenberg qui n’a jamais estimé être en tort, même à son procès à Nuremberg. Thomas Berhnard dans sa pièce Dramuscules, montent aussi d’anciens nazis discutant autour d’une bonne table de leurs méfaits en riant, et en étant persuadés d’avoir agi pour le bien de l’humanité.

          Ce qui ressort du livre d’I. Yalom et de celui d’Olivier Guetz c’est que les deux hommes, Mengele et Rosenberg sont à la recherche de reconnaissance et qu’ils ont trouvé en Hitler, un dieu a aduler. Ronsenberg était prêt à tout pour plaire à Hitler et s’il perd son procès à Nuremberg, c’est aussi pour être remarqué, pour aller au bout de son fanatisme. Mengele reste fidèle au Fürher jusqu’à la fin de sa vie. On peut faire un rapprochement, c’est mon avis strictement personnel avec les fanatiques religieux de nos jours, fidèle à leur croyances, souvent à la recherche d’un chef et pour eux aussi, corrompus par le pouvoir et l’argent.

Je citerai les dernières lignes du roman d’Olivier Guez qui sont très évocatrices :

« Ainsi se termine la cavale de Josef Mengele, plus de soixante-dix ans après la fin de la guerre qui anéantit un continent cosmopolite et cultivé, l’Europe. Mengele, ou l’histoire d’un homme sans scrupules à l’âme verrouillée, que percute une idéologie venimeuse et mortifère dans une société bouleversée par l’irruption de la modernité. Elle n’a aucune difficulté à séduire le jeune médecin ambitieux, à abuser de ses penchants médiocres, la vanité, la jalousie, l’argent, jusqu’à l’inciter à commettre des crimes abjects et à les justifier. Toutes les deux ou trois générations, lorsque la mémoire s’étiole et que les derniers témoins des massacres précédents disparaissent, la raison s’éclipse et des hommes reviennent propager le mal. Puissent-ils rester loin de nous, les songes et les chimères de la nuit. Méfiance, l’homme est une créature malléable, il faut se méfier des hommes ».

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