Quelque chose à te dire, Carole Fives, Gallimard, 2022

CDI Lycée ROTROU 📚💻📰 on Twitter: "Deuxième partie de journée à la BNF pour les élèves du @lyceerotrou28. Toujours des échanges et des temps de lecture souvent fort appréciés des écrivains sélectionnés pour le #prixgonccourtdeslycéens 2022. @PBouzouina @lyceerotrou28 @BruitdeLire pic.twitter.com/uRi65DnKIg / Twitter"

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Quelque chose à te dire est le troisième roman que je lis de cette auteur dans le cadre, cette fois , du #prix Goncourt des lycéens. Je retrouve deux axes déjà apparents dans Une femme au téléphone et Térébenthine : celui de la mère toxique et celui du monde artistique et intellectuel construit sur l’apparence et la fatuité, la vacuité. Il est beaucoup question de théâtre et de cinéma chez #Carole Fives à travers le jeu des apparences, celui lié aux discours, au monologue et à la solitude de l’acteur conscient de son mauvais jeu et de l’emprise du metteur qui finalement vous mène là où il le souhaite. Et c’est bien cela qui se passe dans Quelque chose à te dire. Le personnage principal, Elsa, romancière et passionnée par une auteur célèbre va réussir, grâce à la dédicace inscrite dans un de ses livres, à rencontrer le mari de la romancière décédée et vivre une aventure avec lui. Seulement, comme chez Perrault, il y a un secret, un lieu interdit et un #ogre mais Elsa, pensant naïvement être « l’élue » va comprendre qu’elle n’est qu’un maillon dans la chaîne du succès de l’auteur décédée. Comme une actrice, Elsa va revêtir, au fil du récit, les tenues, maquillages et colifichets de Béatrice, avançant sur la scène ouverte par Thomas auprès d’amis, de personnalités. Mais quand la pièce sera terminée, quand Béatrice quittera son rôle, le quotidien réapparaîtra avec toute sa violence.

Ce récit, construit en trois parties égales évoquent la passion d’Elsa, au sens religieux du terme puisque l’oeuvre de Béatrice est pour elle une sorte de Graal. Mais, cette passion, d’un point de vue psychique, est en rapport avec son manque de confiance en elle due à l’éducation de sa mère, incapable de lui donner de l’amour. Ainsi, le personnage de Thomas est à la fois un amant et la mère aimante et encourageante mais comme dans tout transfert, il ne s’agit que d’un symbole : Thomas a une mission qu’il va accomplir grâce à Elsa : « J’aimerais que ce texte existe, qu’importe qu’il soit signé de mon nom, je veux juste que les lecteurs puissent le découvrir, en un mot qu’il soit publié. Pour cela, il faudra que tu trouves quelqu’un qui soit capable de le terminer. Il y a encore énormément de travail, et il te faut trouver la bonne personne. Quelqu’un soit écrivain, mais surtout qui connaisse mon œuvre de l’intérieur ».