Ce livre montre les dommages collatéraux liés au mal-être d'une adolescente et les rouages d'une justice partiale puisque dans certains cas, il est impossible de prouver son innocence. Si la parole des enfants et adolescents ainsi que celle des femmes n'a, par le passé, pas suffisamment été considérée, ce roman montre combien notre société semble vouloir se déculpabiliser en jetant en prison "le monstre", sur un simple témoignage, sur la parole de la victime présumée. Ainsi, la jeune héroïne, qui se laisse malmener par un groupe de garçons de son collège préfére accuser un homme de son entourage qui prendra cinq ans de prison plutôt que de subir la honte d'avoir été filmée dans une posture délicate par les garçons. Libéré parce que la jeune fille revient sur ses dires, l'accusé évite les dix ans de prison que la soit disante justice lui avait octroyés. On voit comment certains adultes refusent la possibilité qu'un enfant ou qu'un adolescent puisse mentir, puisse ne pas représenter l'innocence et la pureté, image d'épinal que le chef d'établissement de la "petite menteuse" remet justement en question. Ce livre montre combien il est difficile de juger certaines situations où tout repose uniquement sur la parole de celui ou celle qui accuse. La construction du récit amène le lecteur à prendre parti avant de voir voler en éclat des certitudes. Bien sûr, la jeune fille est à plaindre, sa situation est difficile mais faut-il jeter en prison un homme dont l'attitude et les paroles font de lui l'accusé idéal alors que le garçon qui aurait dû être sanctionné reste libre de continuer ses agissements avec d'autres filles ? Ce récit rédigé par une chroniqueuse judiciaire soulève un questionnement urgent et essentiel.
La Petite menteuse, Pascale Robert-Diard, L'Iconoclaste roman, 2022
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