Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Yzabel-Desage-critiques-et-points-de-vue-de-lectures.over-blog.com

Yzabel-Desage-critiques-et-points-de-vue-de-lectures.over-blog.com

Ce blog a pour but de partager mes critiques, avis et points de vue de lectures : romans contemporains et classiques, autobiographies et faits divers, théâtre, poésie, essais psychanalytiques, sociologiques, éducatifs, romans graphiques et BD, littérature jeunesse.


Autobiographie de l’étranger, Marie-Eve Lacasse, 2020

Publié par Isabelle Desage sur 28 Juillet 2022, 13:35pm

Catégories : #Marie-Eve Lacasse

Autobiographie de l’étranger, Marie-Eve Lacasse, 2020

Par le fil de l’écriture, #Marie-Eve Lacasse dénoue le mystère de son sentiment d’étrangeté au monde en rapport à sa double nationalité et à son isolement d’écrivain, sorte d’abnégation suscitant l’incompréhension de ses proches face à cet impératif artistique, incompatible avec une vie de famille. Dans son questionnement sur le langage, ses allers et retours entre la France et le Québec, l’auteur reconstitue le tableau de la rupture d’avec sa compagne. Dans une construction arborescente, les différents fragments que composent ce récit autobiographique montrent combien les souvenirs sont fugaces et fulgurants, le langage considéré comme un « inconnu » (qui serait un « lieu des monstres et de l’inconscient ») forme une écriture « flottante » à l’instar de l’écoute d’un psychanalyste. Ainsi, cette écriture permet à l’auteur d’enquêter sur son passé, d’observer le monde et les gens qu’elle considère comme « des romans » et surtout, de mieux comprendre ses parents et ses origines qu’elle avait toujours méprisés : « J’ouvre les yeux dans la foule ; je vois des bibliothèques vivantes ». / «Elle est là à la sortie de mon deuxième livre, puis du troisième. Elle fait comme elle peut pour garder le lien que je rejette. Elle s’arrange pour que le fil ne se rompe jamais tout à fait. Elle garde un œil sur moi, même de loin […]. Elle a fait ce qu’elle a pu, avec ce qu’elle avait. Je l’aime, mais de loin [...] ». L’auteur puise de nombreux exemples langagiers chez Freud ou Lacan, joue avec du vocabulaire très littéraire ou archaïque et cite des personnalités du monde artistiques ou philosophiques, scientifiques ou politiques montrant qu’une large culture ne suffit pas à se construire ou à être heureux car il nous faut en passer par des expérimentations personnelles : « Est-ce que la plupart des gens ne se sentent pas obligés de combler en permanence cet espace entre eux et les autres pour avoir l’air « normaux » et « sains » ? Le plus désespérant, c’est que lire Freud ou Bourdieu ne change rien. Ça ne donne pas pour autant les clés. Ça n’ôte rien au sentiment d’étrangeté ».

Les paroles et certaines opinions de l’auteur à caractère généraliste exposent aux lecteurs un manque de tolérance face aux travers humains, réels ou fantasmés. Mais l’écriture, en mettant en mots des images surgies du passé, des moments de sensualité, l’amour de sa fille, son caractère fougueux ou encore, l’expression de secrets, aidera l’auteur à s’appréhender avec bienveillance et à accepter la solitude utile pour se construire et créer, dans un rapport d’altérité plus serein.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents