Voyage au centre de la terre, Jules Verne, 1864

        Premier ouvrage de la série des Voyages extraordinaires, ce récit va mener les lecteurs au centre de la terre à travers le témoignage d’un narrateur intra-diégétique, Axel, le neveu du célèbre professeur Lidenbrock, spécialiste en minéralogie, en sciences de l’homme (il parle une vingtaine de langues !). Ce récit d’aventures raconté à la première personne emprunte le topos du document trouvé par hasard -dans une malle, chez un antiquaire, dans un livre, derrière un tableau- , document exceptionnel qui livrera son secret aux plus opiniâtres  : le professeur, revenant de la bibliothèque de Hambourg découvre dans un livre du XIIe siècle un parchemin sur lequel apparaissent des caractères runiques. A partir de ce moment, l’aventure commence. Le professeur et son neveu vont réussir à traduire ces signes pour suivre le chemin d’un certain Arne Saknussemm, alchimiste islandais du XVIe siècle, obligé de cacher ses découvertes pour ne pas risquer d’être brûlé vif.

Dans son roman, Jules Verne relate l’aventure de la science, bien plus que celle des personnages. Certes, les personnages sont dépeints. Ainsi, le caractère impulsif et parfois borné du professeur en fait un personnage drôle, parfois comique. Son neveu Axel, amoureux et rêveur pense davantage à sa fiancée qu’à suivre son oncle à travers l’Islande puis dans les entrailles de la terre. Enfin, Hans, le guide, stoïque et silencieux n’est connu du lecteur qu’à travers son courage et sa détermination.

Jules Verne expose également les disputes des scientifiques de son temps qui parfois font penser aux médecins de Molière dont les réponses péremptoires font sourire.

Le centre de la terre va réserver des surprises aux trois hommes qui vont connaître les affres de la faim et de la soif jusqu’au moment où une rivière souterraine leur indiquera le bon chemin. Cette rivière se transformera en fleuve, puis en mer intérieure qui leur permettra de remonter le cours du temps et enfin, en une sorte de geyser qui les fera remonter à la surface de la Terre. Ainsi, l’eau sera source de vie pour étancher leur soif mais aussi les nourrir, leur faire découvrir des races anciennes d’animaux. Au centre de la terre, ils découvriront le monde préhistorique sous forme de fossiles avant de croiser réellement des hommes et des animaux sortis tout droit de l’esprit de l’auteur et qui inspireront, au XXe siècle, de nombreux réalisateurs de cinéma.

Voyage au centre de la terre, c’est aussi un conte merveilleux avec nos trois protagonistes dont la curiosité est attisée dès le début du récit. Sur le chemin, ils trouveront des adjuvants qui les mèneront sur un chemin spéculaire leur permettant de comprendre combien leurs croyances et leurs théories étaient erronées ainsi que l’image qu’ils ont de l’humanité, soit disant avancée. Ce conte a pour morale la nécessité de l’entraide et celle de la curiosité, de l’ouverture d’esprit. Aussi, ce conte montre combien il est important voire vitale -notamment dans le cadre de cette aventure- de savoir remettre en cause ses croyances, et de ne jamais désespérer. Le centre de la terre fascine car il montre ce qu'on ne verra jamais : le centre de l'imagination et de la vie psychique, puits sans fond, toujours mouvant et à creuser.

Si Jules Verne s’est inspiré des Robinsonnades (Robinson Crusoë ou encore Les Robinsons Suisses), il est évident qu’il a des connaissances scientifiques et géographiques sérieuses dont ils n’hésitent pas à truffer le récit, rendant certains passages très longs. On peut dire aussi que ce roman scientifique est digne du siècle des Lumières pour la réflexion qui en découle : être éclairé et cultiver un esprit critique. La place de l’Homme sur terre est aussi bouleversée ainsi que l’éventualité d’un créateur divin. Cette relecture me donne envie de découvrir au moins un autre roman d’aventures de Jules Verne, pour mieux comprendre l’univers scientifique et technique du 19^e siècle mais aussi historique ou géographique et en particulier : Michel Strogoff ou Cinq semaines en ballon, Le tour du monde en 80 jours ou encore, Vingt mille lieues sous les mers. Actuellement, la collection Hetzel réédite tous les romans de Jules Verne, peut-être est-ce un signe du destin comme la découverte d’un manuscrit caché ? Me voici partie pour l’aventure !