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Yzabel-Desage-critiques-et-points-de-vue-de-lectures.over-blog.com

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Ce blog a pour but de partager mes critiques, avis et points de vue de lectures : romans contemporains et classiques, autobiographies et faits divers, théâtre, poésie, essais psychanalytiques, sociologiques, éducatifs, romans graphiques et BD, littérature jeunesse.


L’Asphyxie, Violette Leduc, 1946, Gallimard, nouvelle collection « L’imaginaire Gallimard » 2022

Publié par Isabelle Desage sur 26 Septembre 2023, 19:29pm

Catégories : #gallimard, #Collection l'imaginaire, #Violette leduc, #autobiographie, #enfance, #famille, #féminisme, #roman, #roman français

L’Asphyxie, Violette Leduc, 1946, Gallimard, nouvelle collection « L’imaginaire Gallimard » 2022

Cette première œuvre, autobiographique, met en scène trois femmes de trois générations différentes : la grand-mère, la mère, et Violette, enfant. Ces trois personnages représentent un flux qui charrie la malchance, la tristesse, l’incapacité à dire ses sentiments en lien avec une éducation stricte où le qu’en dira-t-on tient une place primordiale. Etre mère sans désir d’enfant est aussi le lot de cette famille. Ainsi Violette, le fruit pourri, la petite fille rejetée subit une société où l’avortement est interdit ; la petite Violette maudit sa mère de l’avoir mise au monde et la mère, maudit cette enfant qu’elle méprise au point de s’en débarrasser par le biais de la pension, située à quelques mètres de chez elle.

Du point de vue de l’enfant, nous observons le jeu des adultes, celui de la mort, de la séduction, de l’entremise et du secret. On parle peu de femme ogresse en littérature mais il me semble que Violette Leduc dresse le portrait d’une génitrice qui, comme Saturne, dévorerait symboliquement sa fille afin qu’elle ne lui tende pas le miroir reflétant sa pauvreté, ses mensonges et sa cruauté. Le maquillage parfois outrancier de cette femme souligne un regard « bleu et dur », qualificatif qui la désignera tout au long du récit, la réduisant à la froideur, la sécheresse. Violette a des sentiments mitigés pour sa mère qu’elle adore et dont elle est en attente constante de douceur mais elle ne reçoit que coups, pincements, et paroles aigres. Les souvenirs d’enfance de l’écrivain, principalement axés autour de la figure maternelle, sont relatés avec une écriture sensuelle et souvent poétique. Ces réminiscences non linéaires évoquent le mouvement de la mémoire qui parfois, oublie et reconstruit, formant des images floues et proches du rêve, du cinéma, d’un air de musique, univers omniprésent de la petite fille que fut Violette Leduc. C’est ainsi que de bribes en bribes rythmées et chatoyantes, l’auteur reconstruit le puzzle d’une courte période de son enfance et révèle ce qui sera le fil conducteur de son œuvre à savoir, un besoin de reconnaissance et une soif d’amour inextinguible, l’écriture comme exutoire, un sentiment de solitude extrême : « Ma mère ne m’a jamais donné la main… Elle m’aidait à monter, à descendre les trottoirs en pinçant mon vêtement à l’endroit où l’emmanchure est facilement saisissable. Cela m’humiliait. […] Un après-midi, […] je repoussai sa main. Elle me pinça davantage et me souleva de terre comme un poulet qu’on enlève par une seule aile. Je devins molle. Je n’avançais plus. Ma mère vit mes larmes. - Tu veux te faire écraser et tu pleures ! C’était elle qui m’écrasait ».

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