Le Boulevard périphérique, Henry Bauchau, 2008
Entre le mouvement de la vie, le tumulte d’une grande ville et l’immobilité morbide d’une chambre d’hôpital, entre la vie quotidienne et celle appartenant à un lointain passé, Henry Bauchau relate les derniers instants de sa belle-fille en lutte avec un cancer et en écho, à ceux de Stéphane, un ami cher, assassiné à la fin de la seconde guerre mondiale par un officier SS. Aux prises quotidiennement avec les transports en commun ou la circulation du périphérique, ses soucis professionnels, la fatigue due à son âge et ses doutes, le narrateur-auteur est plongé dans des souvenirs d’une autre époque et tente de comprendre les causes réelles de la mort de son ami. Face à son fils qui porte souvent sur son père un regard désapprobateur et à sa famille, l’auteur offre le portrait d’un homme profondément humaniste, toujours à l’écoute et dévoué. Aussi, ses questionnements quant au besoin impérieux de « faire de l’argent » ou de « porter un costume » pour obéir aux diktats d’une famille bourgeoise figée dans les traditions et les idées reçues, dressent le portrait d’un homme à part, celui d’une personne qui n’a cessé de chercher, de se construire par l’écriture et la psychanalyse, sans relâchement. Une fois de plus, Henry Bauchau met en lien des événements traumatiques du présent et du passé tout en nous communiquant l’idée que si la vie ressemble pour certains à un labyrinthe, il ne faut jamais se décourager. Au contraire, et comme il l’a déjà montré dans L’Enfant bleu, le labyrinthe comporte toujours une sortie, à nous de ne jamais nous contenter de la facilité du peu, de cadres de vie faussement rassurants ou de la médiocrité de l’existence.